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lundi 24 février 2014

Savoir D'Antan - Manuel du Bourrelier/Sellier - 1833

Cette fois nous regardons à la loupe l'ouvrage "Manuel complet du Bourrelier / Sellier", écrit par M.Lebrun est paru en 1833 dans la collection "Encyclopédie de Roret".

Tout d'abord, l'auteur nous explique qu'il va traiter différents métiers, qui, bien que différents, sont usités conjointement par les artisans ruraux.
L'art du bourrelier- sellier, sera ainsi détaillé : 

- Le Bourrelier - Bâtier : s'occupe des bâts, les harnais de chevaux de charrette et des harnais grossiers.
- Le Bourrelier - Harnacheur : autrefois appelé Bourrelier/Carrossier travaille les harnais des chevaux de carrosses, chaises de postes et autres voitures.
- Le Sellier : travaille la tapisserie des voitures, sellerie des chevaux de manège et attelage des autres chevaux (y compris la fabrication de selles).

Il y ajoute une partie additionnelle sur la sellerie militaire.


Historiquement, nous apprenons que la compagnie des bourreliers fut la 1ère a exister. Elle était régie par des dispositions légales. Tout d'abord par Charles VI en 1403 qui leur donna des statuts, puis par Henri III qui les renouvela en 1578. Puis par Louis XIV en 1665, et enfin Louis XV en 1734.

A l'époque, on les nommait Bourreliers-bâtiers-hongrieurs car ils avaient le droit de fabriquer les bâts et le cuir de Hongrie pour leur propre usage.
La corporation des Selliers, fut quant à elle créer en 1757 sous Henri III. Leurs statuts, confirmés par Henri IV en 1559, puis Louis XIV en 1678 leur donnait le titre de Selliers-lormiers-carrossiers, et pouvaient fabriquer toutes les selles, de petits ouvrages en fer (comme les clous ou les anneaux, d'où le nom de lormier). Mais aussi, les coches, litières, fourreaux (pistolets, arquebuses...), casques, heaumes, etc...

Arquebuses.

L'auteur nous indique que les cuirs utilisés sont la peau de mouton blanche, le basane jaune, des cuirs de cochon, castor, veau, blaireau et des peaux en poils de sanglier.
Il cite aussi les cuirs de Hongrie ou cuirs de Bohême, cuir fort de bœuf, tanné à l'alun et au sel, teint en blanc et imbibé de suif. Les cuirs d'Allemagne, cuir de vache préparé comme les cuirs de Hongrie. Les cuirs d'Angleterre ou cuirs d'Angoulême, sont eux issus de vaches ou de bœufs, teintés en couleur fauve à grains ou lisses.

Plus loin au sujet des outils, il évoque l'invention de Mr.Green : le coupe lanière. Celui-ci a d'ailleurs reçu la médaille d'argent en 1820 de la société d'encouragement de Londres. Grâce à lui, les bandes de cuirs trop souvent irrégulières sont parfaitement droites.

Coupe lanière inventée par Mr.Green.

Puis, nous apprenons que les chutes de cuirs sont vendus pour la fabrication de colles fortes ou la confection de carton-cuir utilisé en sellerie.
Il enchaine sur le travail des femmes : " [...] Et qu'il me soit permis de combattre, à ce sujet, un préjugé trop répandu dans les arts utiles, préjugé qui exclut les femmes de presque tous les ateliers. Dans celui de bourrelier-sellier, par exemple, la fabrication des houppes, des aigrettes et bouffettes, le doublage des lanières, les broderies des cache-nez et des aboutoirs (œillières de chevaux de charrette), et beaucoup d'autres travaux non fatiguans, ne pourraient-ils pas être confiés aux personnes du sexe ? Je prie le lecteur de prendre cette idée en grande considération. Faire travailler les femmes est à la fois une obligation morale, et un moyen d'économiser."

L'artisan fabrique son fil, qu'il enduit avec de la poix pour les coutures noires ou avec de la cire pour les coutures blanches. La poix est mêlée au suif, qui la rend plus coulante, à des doses différentes l'été et l’hiver. 

A la page 161, les ornemens de selles sont détaillés. " [...] Quand les selles ne sont pas d'un prix assez élevé pour que l'on y ajoute des piqués en peau de chamois, et qu'on les faits tout entières de cuir de Russie, de vaches fauves d'Angleterre, on y grave des fleurs, des rameaux, des chainettes, rosaces, etc... [...] C'est surtout à cette manœuvre que servent les différentes cornettes du sellier, ainsi que la rosette." 
Ce qui, au final, correspond à l'ancienne méthode de repoussage.



 Cornette (Fig.98, 99, 100). Fausse-cornette (Fig.101). Rosette (Fig.104).

Le dessin est tracé sur un papier plié en deux, puis on le place sur le cuir, et l'artisan suit les contours en piquant avec une alène. Puis, il déplie le papier et ponce le dessin avec un nouet de poudre de chaux éteinte.  Lorsqu'on ôte le papier, le dessin est marqué en blanc sur le cuir. Les contours sont ensuite marqués grâce aux cornettes, qui enfoncent les traits dans le cuir.

En fin d'ouvrage, il nous livre deux recettes de cirages : 

Faire fondre 8 livres de cire jaune, puis ajouter 1 livre de litharge broyée à l'eau puis séchée et passée au tamis. Laisser sur le feu et remuer jusqu’à dissolution. Retirer du feu, et ajouter 1 livre et demi de noir d'ivoire. Remettre sur le feu, jusqu'à ce que la cire recommence à bouillir. Retirer à nouveau du feu et ajouter de l'essence de térébenthine.



La litharge est l'une des formes minérales naturelles de l'oxyde de plomb. Le terme a aussi été utilisé comme synonyme de céruse (blanc de plomb). C'est un produit hautement toxique.

Faire fondre à froid 4 once de cire jaune dans 1 livre et demi d'essence de térébenthine ou de romarin. Y ajouter 1 once de noir d'ivoire et 1/2 once de Bleu de Prusse en poudre en agitant dans un mortier. Ce cirage s’étend et se lustre à la brosse.

Dans le glossaire, on note ceci : Le terme couture, utilisé par le bourrelier désigne de la lanière de vache et de mouton, teint en rouge ou blanc dont ils se servent comme fil. La pince de bois quant à elle désigne la pince de sellier.

Hormis ce qui est évoqué ci-dessus, l'ouvrage détaille la fabrication pas à pas de tous les harnais (licol, bridons, etc...), des panneaux de voitures, des bâts, et colliers. Mais aussi, des garnitures de voitures, calèches, des selles et leurs arçons, l'équipement d'écurie, les bagages nécessaires en voyage, ainsi que les attelages et les équipements militaires.


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